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Programme national de développement agricole et rural : Algérie

Augmenter la production alimentaire nationale et l'autosuffisance agricole de l'Algérie

4 juin 2023
Auteur : Bryony Steyn et Rabab Hteit

L’Algérie est très dépendante des importations de denrées alimentaires, ce qui rend de nombreux Algériens vulnérables aux fluctuations des prix des denrées alimentaires et des taux de change au niveau mondial. En 1997, les importations de produits alimentaires représentaient près d’un tiers de l’ensemble des importations en Algérie, soit 2,8 milliards de dollars.1 Pour protéger la sécurité alimentaire nationale face aux coûts élevés des importations alimentaires, le gouvernement algérien a lancé un Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) en 2002. Le programme visait la modernisation des exploitations agricoles, l’extension de l’irrigation, l’expansion des terres arables, les investissements préférentiels dans le secteur agricole et la promotion des services de vulgarisation agricole.2

Le Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) a ciblé les domaines suivants :

  • Modernisation des exploitations agricoles (mécanisation et amélioration des pratiques agricoles) ;
  • Développer l’irrigation (pour réduire la dépendance à l’égard de l’agriculture pluviale) ;
  • L’expansion des terres arables par la mise en valeur des terres ;
  • Octroi de baux d’exploitation (pour étendre les terres agricoles, y compris la récupération des terres désertiques et les baux pour les terres publiques) ;
  • Accroître la productivité agricole par des investissements favorables au secteur agricole et la promotion des services de vulgarisation agricole.3

Le gouvernement a proposé des baux à des investisseurs étrangers et locaux pour récupérer et exploiter de manière productive des terres agricoles appartenant à l’État en Algérie, dans le but de passer d’une agriculture parrainée par l’État à un modèle agricole dirigé par le secteur privé. Tous les agriculteurs avaient droit à une aide gouvernementale pour augmenter les investissements dans la productivité agricole, la mécanisation et l’irrigation (qui était particulièrement favorisée pour surmonter la dépendance du secteur à l’égard de l’agriculture pluviale). L’investissement étranger a également été encouragé par des exonérations fiscales pendant une période de trois à cinq ans sur la TVA, les droits de douane et l’impôt sur les sociétés.4

Mise en œuvre

En réponse à l’augmentation de la dépendance alimentaire, le gouvernement a initialement lancé le Programme national de développement agricole (PNDA) en 2000 dans le but de stimuler la production alimentaire et de promouvoir l’autosuffisance agricole afin d’assurer la sécurité alimentaire nationale. En 2002, le PNDA a été actualisé pour devenir le PNDAR.5

Dans le cadre du PNDAR, la direction de la recherche, de la vulgarisation et de la formation du ministère de l’agriculture et du développement rural est chargée de fournir des services publics de vulgarisation agricole, qui comprennent la formation des agriculteurs aux meilleures pratiques agricoles, à l’inclusion financière et au développement général des entreprises. Le ministère est soutenu par le Conseil national de la vulgarisation, qui fournit des conseils en matière de politique et de programmation, et par l’Institut national de la vulgarisation agricole, qui est responsable de l’administration des services de vulgarisation. Un comité provincial de coordination de la vulgarisation (Wilaya Extension Coordination Committee) assure le suivi des programmes de vulgarisation sur le terrain.6

En 2008, le ministère de l’agriculture et du développement rural a lancé le programme de renouveau rural afin de renforcer les capacités des vulgarisateurs agricoles et d’améliorer les conditions de vie et de travail des populations rurales.

Coût

Entre 2000 et 2018, on estime que le gouvernement algérien a alloué 3 000 milliards DZD (30 milliards USD) au PNDAR.7

L'évaluation

Entre 1997 et 2017 (dernières données disponibles), les importations de denrées alimentaires ont diminué, passant de 32 % à 20 % des importations totales.8 Entre 2008 et 2018, la production de légumes est passée de 60 millions de quintaux à 130 millions de quintaux, celle des agrumes de 7 millions de quintaux à 14 millions de quintaux et celle des légumineuses de 402 mille quintaux à 1,3 million de quintaux. Les terres arables sont passées de 7,5 millions d’hectares en 1988 à 8,5 millions d’hectares en 2018 (dont 5,7 millions appartiennent au secteur privé), tandis que la proportion de terres arables irriguées est passée de 4 % en 1999 à 15 % en 2018.9

En outre, la prévalence de l’insécurité alimentaire grave dans la population a régulièrement diminué, passant de 13 % en 2015 (dernières données disponibles) à 6,2 % en 2020, tandis que la prévalence de la sous-alimentation dans la population a régulièrement diminué, passant de 8 % en 2001 à 3 % en 2020.10

Toutefois, si les importations de denrées alimentaires ont diminué proportionnellement, elles sont restées substantielles, à 9,2 milliards USD en 2017 (dernières données disponibles), et la dépendance alimentaire est restée une menace pour la sécurité alimentaire nationale. En particulier, les importations de céréales se sont élevées à 3,1 milliards USD en 2018.11

Des études indiquent que la modernisation des exploitations et l’aide gouvernementale n’ont profité qu’à une minorité d’agriculteurs en raison de la faiblesse des organisations agricoles et du manque d’implication des agriculteurs.12 En outre, les services de vulgarisation agricole étaient limités par les longues distances entre les exploitations, le manque de moyens de transport pour atteindre les exploitations, ainsi que par des capacités et des supports pédagogiques limités.13

Informations complémentaires

Bien que l’Algérie ait connu une baisse progressive des précipitations depuis 1975, la fréquence des inondations a augmenté, entraînant une hausse des coûts et des dommages. Par ailleurs, l’Algérie se classe au 18e rang des 184 pays les plus exposés à la sécheresse, selon PreventionWeb. En effet, on estime que 3 763 800 personnes (environ 10 %) sont exposées à la sécheresse. Le pays étant l’un des plus touchés par le changement climatique (comme de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord), on s’attend à ce que cela ait un impact potentiel sur le PNDAR à l’avenir.

Références

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