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Programme de création d'emplois pour les plus pauvres : Bangladesh

Le programme "Argent contre travail" du Bangladesh a permis de créer des emplois à court terme et de développer l'infrastructure rurale.

6 juin 2023
Auteur : Amanda Lenhardt

Le Bangladesh a réalisé des progrès significatifs dans la réduction du nombre de personnes vivant dans la pauvreté, mais de nombreuses personnes vivant près du seuil de pauvreté restent exposées au risque d’appauvrissement. En 2008, le gouvernement du Bangladesh a mis en place un programme à grande échelle de travail contre rémunération qui offre des possibilités d’emploi aux ménages vulnérables pendant les périodes de vaches maigres. Le programme vise à lutter contre la pauvreté saisonnière, à construire et à entretenir les infrastructures communautaires et à promouvoir l’égalité. Le programme cible les régions les plus pauvres et réserve 30 % des emplois aux femmes.

Le programme de création d’emplois pour les plus pauvres (EGPP) est un programme ciblé de travail rémunéré en espèces qui fournit des emplois à court terme pour construire des infrastructures rurales et des biens communautaires au Bangladesh. L’EGPP a été créé en 2008 et constitue l’un des programmes phares du gouvernement du Bangladesh en matière de filet de sécurité sociale visant à promouvoir la résilience, la réduction de la pauvreté et l’égalité. Le programme offre jusqu’à 90 jours de travail sur deux périodes de soudure (octobre à décembre, mars à avril) et s’adresse aux personnes vivant dans la pauvreté et disposant d’un patrimoine limité. Le programme a couvert 8 270 000 personnes en 2017-18, avec 30 pour cent d’emplois réservés aux femmes.1

Mise en œuvre

Le GECT a été lancé à la suite de la crise alimentaire, énergétique et financière de 2007-2008, qui a poussé de nombreuses personnes vivant dans la pauvreté à recourir à des stratégies d’adaptation négatives et a risqué de faire basculer dans l’extrême pauvreté des millions de personnes vivant près du seuil de pauvreté.2 Le Bangladesh a réalisé des progrès significatifs dans la réduction du nombre de personnes vivant dans la pauvreté au cours de la décennie précédente et le gouvernement s’efforce de promouvoir la résilience des ménages face aux chocs et aux catastrophes.3 Le nouveau programme s’est appuyé sur l’expérience des programmes de travaux publics antérieurs et a incorporé de nouvelles mesures liées au ciblage en faveur des pauvres, à la minimisation des fuites et à l’amélioration de la responsabilité et de la transparence.4

Les bénéficiaires du programme ont sept heures de travail et reçoivent un paiement de 200 BDT par jour de travail (2,40 USD). Les paiements sont effectués directement sur les comptes bancaires des bénéficiaires, que les participants sont encouragés à ouvrir, et 25 BDT doivent être épargnés jusqu’au mois de juillet de l’année suivante.5 Les travailleurs sont encouragés à poser leur candidature et, lorsque les demandes dépassent les postes disponibles, des critères sont utilisés pour sélectionner les personnes éligibles. Les personnes éligibles doivent posséder moins de 0,5 acres de terre, ne pas avoir d’actifs productifs et avoir un revenu inférieur à 4 000 BDT (50 USD) par an.6 Les membres des quartiers sont chargés d’identifier les bénéficiaires, les listes d’éligibilité étant approuvées par les comités de l’Union et les comités de l’Upazila. Ces listes sont ensuite envoyées aux commissaires adjoints qui délivrent les « cartes de travail », ouvrent les comptes bancaires des bénéficiaires et achètent des matériaux non salariaux.7

La nature des travaux soutenus par le programme est identifiée localement, avec le soutien de fonctionnaires du ministère pour la mise en œuvre des travaux.8 La majorité des projets concernent la construction et l’entretien des routes rurales. Les décisions relatives à ces projets sont en grande partie prises par les représentants locaux et les dirigeants politiques, et des préoccupations ont été exprimées quant à l’inclusion des résidents locaux dans les décisions relatives aux priorités en matière d’infrastructures locales.9

Coût

En 2019, le budget alloué à l’EGPP était de 16,5 milliards BDT (197 millions USD),10 ce qui équivaut à environ 24 USD par bénéficiaire.

L’évaluation

Des études ont montré que le GECT est généralement bien accueilli au Bangladesh. Une enquête menée auprès de bénéficiaires de huit unions (unités de gouvernement local) a révélé que 84 % des personnes interrogées étaient satisfaites du processus de sélection11 et une autre enquête a révélé que 60,8 % des bénéficiaires pensaient que le processus de sélection était équitable. Toutefois, la même enquête a révélé qu’un peu moins de la moitié (49,3 %) des non-bénéficiaires estimaient que le processus était équitable. Les personnes éligibles peuvent également ne pas être au courant du programme ou du processus de sélection. Une autre enquête a révélé que 54 % des bénéficiaires ne connaissaient pas les procédures de sélection du programme.12 Une étude a montré que l’accès à la sphère politique était un facteur déterminant de la participation à l’EGPP, les personnes ayant des contacts avec des politiciens locaux ayant 110 % de chances en plus de participer au programme.13

Il semble que le GECT soit matériellement bénéfique pour les participants et qu’il ait été efficacement ciblé sur les personnes dans le besoin. Une étude a montré que les ménages participants gagnent en moyenne 5 692 BDT (68 USD) de plus par an que les ménages non participants et sont moins exposés à l’insécurité alimentaire. 14 Le programme aurait également eu un impact significatif sur l’autonomisation économique des femmes, celles-ci travaillant autant de jours que les hommes, et les données suggèrent que les participantes sont plus libres de prendre des décisions en matière de dépenses et de s’exprimer dans les réunions publiques que les non-participantes.15

Références

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