L'Espagne augmente le salaire minimum, ce qui a un impact sur 2,5 millions de travailleurs à bas salaire

En février 2023, le gouvernement espagnol a augmenté le salaire minimum de 8 %, pour atteindre 1 080 euros bruts par mois (1 171 USD), soit 60 % du salaire médian espagnol. Cette augmentation vise à protéger les travailleurs et à réduire les inégalités salariales dans un contexte d’inflation élevée et de baisse du pouvoir d’achat. La réforme devrait bénéficier à 2,5 millions de travailleurs à bas salaires, principalement des femmes et des jeunes.

En 2022, l’inflation moyenne annuelle de l’Espagne a atteint 8,3 %,¹ son taux le plus élevé depuis 1986. En raison de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat, les individus ont été moins en mesure d’acheter des biens et des services essentiels. Cette situation a touché de manière disproportionnée les ménages à faibles revenus, ce qui pourrait entraîner une augmentation des inégalités de revenus et de la pauvreté.²

Le 14 février 2023, le conseil des ministres du gouvernement espagnol a décidé d’augmenter le salaire minimum (Salario Mínimo Interprofesional – SMI) de 8 %, avec effet rétroactif au 1er janvier 2023, pour les travailleurs permanents, temporaires et domestiques.³ Cela signifie que les travailleurs à bas salaires recevront un salaire brut de 1 080 euros par mois (1 171 USD) en 14 versements.⁴ La réforme vise à garantir une rémunération équitable et un niveau de vie décent aux travailleurs à bas revenus.⁵

Mise en œuvre

Entre 2018 et 2023, le président Pedro Sanchez (Parti socialiste ouvrier espagnol – PSOE) a augmenté le SMI à cinq reprises, de 736 euros à 1 080 euros en 2023 (environ 798 dollars à 1 171 dollars).⁶ La plus forte augmentation de revenu depuis 40 ans.⁷ Les réformes ont été possibles après plusieurs accords avec les syndicats et les organisations patronales, ainsi qu’une coalition avec le parti politique de gauche, Podemos.⁸

Le gouvernement a entamé de nouvelles négociations en vue d’augmenter le SMI pour 2023 afin de contrer l’inflation croissante et de respecter son engagement d’augmenter le SMI jusqu’à ce qu’il atteigne 60 % du salaire moyen en Espagne,⁹ comme le stipule la Charte sociale européenne.¹⁰

La réforme a été négociée entre le gouvernement et les principaux syndicats espagnols, l’Union générale des travailleurs (UGT) et les Commissions des travailleurs (CCOO), malgré l’opposition de la principale association patronale espagnole.¹¹ La Confédération des employeurs et des industries d’Espagne (CEOE) a d’abord proposé une augmentation contenue à 1 040 euros (4 %). Cependant, ils ont décidé de ne pas participer aux négociations, affirmant qu’il n’y avait pas de conditions à négocier.¹² Finalement, le ministère du travail a convenu avec les principaux syndicats d’une augmentation de 8 % en l’absence de la CEOE.¹³

Coût

De plus amples détails sur le coût de la dernière augmentation du salaire minimum n’ont pas encore été identifiés.

L’évaluation

L’impact de l’augmentation du SMI pour 2023 n’a pas encore été déterminé. Les syndicats estiment que 2,5 millions de personnes bénéficieront de la réforme.¹⁴ Ce sont les jeunes et les femmes qui devraient en bénéficier le plus.¹⁵ En revanche, le secteur des entreprises a prévenu qu’une augmentation trop soudaine du SMI pourrait être préjudiciable aux petites entreprises, aux agriculteurs et aux sous-traitants de l’administration publique.¹⁶

Des études récentes sur les augmentations salariales passées en Espagne ont analysé leurs avantages et leurs risques. Selon la Fondation Iseak, les conditions de vie de 1,5 million de travailleurs se sont améliorées en 2019, avec un impact plus important sur les femmes, les immigrés et les jeunes, qui sont plus susceptibles d’avoir des salaires plus bas et des emplois précaires. Les impacts varient en fonction du secteur d’emploi, les effets les plus importants étant observés dans les secteurs primaires (agriculture, matières premières et activités domestiques).¹⁷ L’étude a également démontré que le nouveau SMI augmentait la probabilité de connaître le chômage et une réduction de l’intensité du travail après un an.¹⁸ 28 000 emplois ont été perdus à la suite de l’augmentation salariale de 2019. L’impact a toutefois été qualifié de moindre par rapport aux prévisions initiales de 94 200 à 172 700 suppressions d’emplois.¹⁹

En outre, des recherches menées par l’Université d’Alcalá de Henares et Complutense (2019) suggèrent que l’augmentation du salaire minimum a réduit les inégalités de revenus (de 7 à 10 % selon les indices de Gini et de Theil) et a permis à près de 200 000 ménages de sortir de la pauvreté.²⁰ La Confédération espagnole des petites et moyennes entreprises (CEPYME), par exemple, a émis des avis contraires sur les charges qui pèsent sur les petites entreprises, qui disposent de moins de marge pour couvrir leurs coûts. Selon le CEPYME, d’ici 2022, les augmentations salariales auront empêché la création de 161 000 emplois, en particulier pour les travailleurs non qualifiés et inexpérimentés.²¹ Le CEPYME a également indiqué que, dans certaines provinces du pays, le SMI était déjà supérieur à 60 % du salaire moyen, ce qui correspond à des taux de chômage plus élevés dans ces régions.²²

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