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Programme d'urgence de développement communautaire : Sénégal

Accès aux infrastructures de base pour les communautés rurales au Sénégal (2015-en cours)

3 avril 2024
Auteur : Paula Sevilla Núñez

Le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) a été mis en place en 2015 et vise à réduire la pauvreté et les inégalités croissantes entre les régions, notamment entre les zones urbaines et rurales. Le PUDC a amélioré l’accès des communautés rurales aux infrastructures de base, notamment l’accès à l’eau et à l’énergie, grâce à la construction de routes et d’infrastructures hydrauliques. Le PUDC promeut l’activité économique des zones rurales en fournissant du matériel agricole, en renforçant les capacités et en apportant un soutien financier aux travailleurs agricoles.

Alors que plus de la moitié de la population vivait dans des zones rurales au début des années 2010, l’accès aux services de base tels que l’assainissement était très faible dans ces zones (35,6 %) par rapport aux villes (62,4 %). L’accès limité à l’eau, à la santé, à l’éducation et aux transports a été identifié comme un défi dans 187 communautés rurales réparties dans onze des quatorze régions du Sénégal.1 Le PUDC (Plan d’urgence de développement communautaire) vise à remédier aux inégalités régionales dans le pays en améliorant l’accès aux infrastructures de base et en promouvant l’activité économique dans les zones rurales.

Les principaux objectifs du PUDC sont les suivants :2

  • Améliorer l’accès des populations aux infrastructures routières, hydrauliques et énergétiques ainsi qu’aux équipements de production et de transformation agricoles ;
  • Promouvoir l’esprit d’entreprise en milieu rural en renforçant les capacités en matière de services financiers ;
  • Faciliter l’accès aux équipements de production agricole et aux services financiers afin d’accroître la productivité des populations rurales ; et
  • Développer un système de suivi-évaluation-coordination géo-référencé du programme.

Le PUDC a renforcé l’électrification, construit des moulins à eau et des châteaux d’eau, ainsi que des routes dans les zones rurales. Afin de soutenir la production agricole en tant que source d’activité économique pour les populations rurales et d’accroître la sécurité alimentaire, le PUDC comprenait des activités de renforcement des capacités liées aux techniques modernes de production agricole, la fourniture de matériel et d’équipement et le soutien à la création de petites et moyennes entreprises, y compris par l’accès à la microfinance. Des formations destinées aux fonctionnaires locaux de différents ministères, aux associations professionnelles et aux coopératives agricoles ont été mises en place, en mettant particulièrement l’accent sur les femmes et les jeunes.3

Mise en œuvre

Lancé en 2014, le Plan Sénégal Émergent (PSE) fait de la lutte contre les inégalités l’objectif principal des politiques et objectifs nationaux de développement du Sénégal. Le PUDC, lancé en 2015, est l’un des principaux programmes destinés à améliorer de manière visible la vie des populations à travers les axes du PSE que sont la transformation structurelle de l’économie, la formation aux activités économiques, la protection sociale et le développement durable.4 Il répond également aux nouvelles législations visant à assurer une plus grande décentralisation des services, notamment l’Acte III de la décentralisation adopté en 2013 pour réorganiser le territoire sénégalais.5

La phase I du PUDC s’est déroulée de 2015 à 2018 en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’orientation stratégique et la planification relevaient de la responsabilité d’un comité de pilotage, coprésidé par des représentants du Premier ministre, du président et du représentant résident du PNUD, et comprenant un maximum de dix autres représentants des ministères concernés (notamment ceux des finances, de l’énergie, des infrastructures et de la décentralisation), des gouvernements locaux et du PNUD. La mise en œuvre a été supervisée par un Unité de Gestion du Programme (Unité de Gestion du Programme) sous l’égide du PNUD, qui était composée d’un coordinateur de programme et d’experts compétents (tels que des ingénieurs civils et des évaluateurs).6

La deuxième phase, initialement prévue pour 2018-2022 avec le soutien de la Banque africaine de développement, a connu des interruptions dans sa mise en œuvre en raison de la pandémie de COVID-19, et a donc été prolongée jusqu’au 31 décembre 2024.7

Coût

La phase I du PUDC s’est élevée à un peu moins de 200 millions d’USD entre 2015 et 2018. Pour la deuxième phase, entre 2018 et 2022, le budget a été calculé à 300,462 milliards de francs CFA (environ 489 millions de dollars),8 60 millions d’euros (70,8 millions de dollars) ont été engagés par la Banque africaine de développement.9 Des fonds supplémentaires ont été fournis par la Banque islamique de développement et le Fonds saoudien pour le développement.

L'évaluation

La première phase du PUDC a permis de fournir un accès régulier à l’eau potable à 1 018 villages (soit une population totale de 318 438 personnes) et à l’électricité à plus de 20 800 ménages (88 000 personnes). La construction de 618 kilomètres de routes a permis d’améliorer la connectivité de 812 localités (soit une population totale de 531 775 personnes), et 1 942 villages ont reçu du matériel agricole.10 La mise en œuvre du PUDC a depuis été utilisée comme modèle pour des projets similaires par le PNUD dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.11

Malgré les interruptions dues à COVID-19, la deuxième phase du PUDC a permis d’apporter quelques améliorations. Le nombre de personnes ayant accès aux marchés dans un délai d’une heure est passé de 27 600 à 45 000,12 et le nombre de personnes ayant accès à l’électricité, à l’assainissement et à l’eau a augmenté de 155 000, 180 000 et 400 000 (dont 85 000, 90 000 et 190 000 femmes), respectivement.13 On calcule que la deuxième phase a créé 3 000 emplois directs et 17 000 emplois indirects (dont 1 500 et 7 000 femmes, respectivement), et que 1 500 personnes ont reçu une formation en administration locale et en gestion de programmes.14

Depuis le lancement du PSE et de ses programmes phares, le Sénégal a connu une baisse générale des inégalitésson coefficient de Gini passe de 40,3 % en 2011 à 35,1 % en 2019. Elle a également constaté une amélioration de la qualité de vie dans les zones rurales, le taux de pauvreté dans les zones rurales étant passé de 58,7 % en 2011 à 53,6 % en 2019. Toutefois, des inégalités régionales subsistent. Par exemple, l’accès à l’assainissement dans les zones rurales s’est amélioré de 14 points de pourcentage entre 2015 et 2020, contre 11 points de pourcentage dans les zones urbaines, mais le niveau d’accès reste considérablement plus faible (50,7 % contre 74 %).15 Bien qu’il ait contribué à ces efforts, il est difficile de savoir dans quelle mesure l’amélioration peut être directement attribuée au seul PUDC.

Le PUDC s’est également heurté à des problèmes de gestion des risques et de mobilisation des ressources. Elle a été critiquée, entre autres, pour les longs délais de paiement des entrepreneurs.16

« Port fluvial de Ziguinchor, Sud du Sénégal, Afrique de l’Ouest, « ©Adobe Stock/Sergey
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