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Soins de santé universels : Maroc

Le Maroc vise à atteindre l'objectif de soins de santé universels en intégrant tous les programmes de soins de santé (2022-aujourd'hui).

6 juin 2024
Auteur : Molly Hickey
UNESCWA

Au cours des dernières décennies, le gouvernement marocain a cherché à élargir l’accès de ses citoyens à l’assurance maladie par le biais de deux programmes complémentaires, l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et le Régime d’Assistance Médicale (RAMED), qui couvrent respectivement les secteurs formel et informel. En 2022, l’AMO et le RAMED ont été fusionnés dans le système unifié de l’AMO et du RAMED. AMO-Tadamon qui permet à tous les bénéficiaires de recevoir des soins de santé dans des cliniques publiques et privées. Cette nouvelle réforme vise à réduire la charge des établissements de santé publique et à garantir l’égalité d’accès aux ressources de santé.

En 2002, seulement 17% de la population marocaine était couverte par une assurance maladie.1 Cette année-là, le gouvernement a entamé un processus de réforme du système de santé dans le but de parvenir à un système de santé universel. Le régime d’assurance maladie contributif du Maroc, Assurance Maladie Obligatoire (AMO), a été lancé en 2005 pour fournir des soins de santé uniquement aux employés des secteurs public et privé formels. L’AMO Régime d’Assistance Médicale (RAMED),2 lancé la même année, visait à couvrir les personnes travaillant dans le secteur informel. En 2022, le programme RAMED a pris fin et tous les bénéficiaires ont été transférés vers le nouveau programme AMO-Tadamon, le gouvernement cherchant à réaliser l’universalité des soins de santé dans le cadre d’un système unique. Le système unifié a été créé pour réduire la charge des hôpitaux publics et permettre à tous les bénéficiaires d’accéder au même niveau de soins.

Mise en œuvre

En 2002, la loi n° 65-00 a établi le droit à la santé pour tous et a assigné des tâches aux principales parties prenantes pour atteindre cet objectif. Elle est entrée en vigueur en août 2005, créant l’AMO et le RAMED. Le gouvernement a également mis en place une nouvelle structure administrative, l’Agence Nationale d’Assurance Maladie (L’ANAM est chargée d’assurer la régulation et le contrôle du système national d’assurance maladie, d’assurer la supervision technique du RAMED et de l’AMO et de veiller à ce que les programmes atteignent leurs objectifs. L’organisation est dirigée par un conseil, présidé par le Premier ministre et composé de représentants du gouvernement, des employeurs, des assurés et des organismes gérant les programmes d’assurance maladie. Il s’occupe des négociations entre la RAMED et l’AMO, les prestataires de soins et les fournisseurs médicaux, et évalue la capacité des programmes à atteindre les bénéficiaires ciblés. Pour mettre en place le mécanisme de financement, le gouvernement a créé un comité d’experts, présidé par le Premier ministre, chargé de formuler des recommandations et une approche de financement.

À l’origine, l’AMO offrait une couverture médicale complète aux personnes travaillant dans le secteur formel, couvrant, entre autres, l’accouchement, l’hospitalisation et les médicaments. Dans les cliniques privées, les bénéficiaires pouvaient être remboursés à hauteur de 70 % du prix de référence national pour leurs soins ; dans les cliniques et hôpitaux publics, les bénéficiaires pouvaient être remboursés à hauteur de 90 % du prix des services fournis. 3

Le programme RAMED a été conçu pour fournir une assurance maladie aux personnes n’ayant pas d’emploi formel, en particulier les pauvres, les personnes handicapées et les personnes âgées. Dans le cadre de ce programme, les ménages dont les revenus sont inférieurs à 300 dirhams (34 USD) par personne et par mois (y compris ceux qui n’ont aucun revenu) pouvaient bénéficier d’une assurance maladie gratuite. Ceux dont le revenu mensuel par personne est compris entre 300 et 600 dirhams (34-68 USD) peuvent souscrire une assurance maladie en fonction de leur revenu. Les personnes bénéficiant de soins de santé subventionnés ou gratuits n’étaient pas soumises à des plafonds de couverture, mais ne pouvaient recevoir des soins que dans les hôpitaux publics. 4 Dans les premières années, ce système a suscité des inquiétudes quant à l’existence d’un système de soins de santé à deux vitesses.5 En outre, l’expansion du programme, sans augmentation correspondante des ressources des soins de santé publics, a entraîné une surcharge des hôpitaux publics.6

En 2022, pour alléger la charge qui pèse sur les établissements de santé publique, le gouvernement a lancé l’AMO-Tadamon une nouvelle plateforme qui fusionne les programmes RAMED et AMO existants en un seul. Les 11 millions de bénéficiaires du RAMED ont été transférés vers le nouveau régime consolidé et bénéficient désormais de la même couverture médicale que les personnes travaillant dans le secteur formel, mais ne sont pas tenus de cotiser. 7,8 Il est important de noter que ce nouveau programme permet aux patients de recevoir des soins dans des établissements de santé privés, au lieu de n’être autorisés qu’à utiliser les établissements publics. AMO-Tadamon est géré par la Caisse nationale de sécurité sociale, connue sous le nom de Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Under the new system, employed individuals make contributions via a single unified payment, which covers tax, social security, and healthcare obligations, and is called the “contribution professionnelle unique.” Contribution amounts are based on income, and range from MAD 300 to 3,600 (USD 29 to 352). 9

Coût

Le système d’assurance maladie marocain est financé par une combinaison de cotisations salariales et patronales et de financement public. Les employés du secteur formel contribuent à hauteur de 1 à 4 % de leurs revenus, selon qu’ils bénéficient ou non d’une couverture d’assurance maladie privée. 10 En 2022, le gouvernement a prévu un budget de 2,3 milliards de dollars pour les soins de santé.11

L'évaluation

Au cours de ses six premiers mois d’existence en 2006, l’AMO a permis à 3,5 millions de Marocains d’accéder pour la première fois à l’assurance maladie.12 Depuis la mise en place de ces programmes, le Maroc a connu une augmentation significative de la couverture des soins de santé. Le pourcentage de citoyens bénéficiant d’une couverture est passé de 15 % en 2005 à13 à 78 % en 2022.14 Cependant, comme il n’y a pas eu d’amélioration corrélée des ressources en soins de santé, en particulier dans les zones rurales, l’impact de ces réformes a été quelque peu limité.15 De nombreux bénéficiaires ont fait état de difficultés d’accès aux soins hospitaliers et de taux élevés de paiements directs.16 Il reste à voir si la consolidation de l’AMO et du RAMED, permettant ainsi à tous les bénéficiaires d’accéder à des ressources de santé privées, en plus des cliniques publiques, atténuera certains de ces problèmes.

Calculer le coût des soins de santé. ©Adobe Stock/Christian Delbert
Références

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